Home Théâtre & Danse Plainte contre X

Sexe machine

Le Projet Cryotopsie

Après Happy Slapping et Dans le ventre, Alexandre Drouet continue de sonder notre rapport aux images. En particulier celles, sans filtres, qui circulent en ligne. Sa nouvelle pièce, créée au Théâtre de Poche, nous entraîne dans les coulisses peu reluisantes de l’industrie pornographique.

« A un moment de ma vie j’ai regardé pas mal de porno, comme beaucoup d’hommes de ma génération ». Alexandre Drouet l’admet sans détour : longtemps il ne s’est pas questionné sur l’envers de ces milliers d’images disponibles en deux clics. Jusqu’à ce qu’il découvre Plainte contre X (2013), premier texte théâtral de la romancière et comédienne Karin Bernfeld : « une claque ! ». Voilà donc Estelle. Pas encore majeure, elle tourne le premier de ses 300 films pour adultes. Entre-temps, il y aura eu des viols et une progressive distanciation vis-à-vis de son corps. Contrairement aux cadres serrés et coupes au montage de rigueur, ce monologue ne cache rien de la réalité sordide des tournages X. « Le point de vue d’Estelle est parfois extrême, reliant le porno à la culture du viol. En tant que créateur, je prends plus de distance », affirme le metteur en scène. Derrière Emilie Maréchal, son interprète, il place un écran sur lequel on voit défiler différents « consommateurs », du couple en quête de sensations au quinquagénaire effroyablement isolé. « En diffusant des images brutes, sans le son, j’essaie de montrer sans condamner et de susciter le débat. A-t-on réellement envie de ce porno ultra-violent et humiliant ? ». Telle est la question.

Marine Durand
Informations
Bruxelles, Théâtre de Poche
16.02.2016>27.02.2016mar > sam, 20h30, 19/13/16/8€, (à partir de 18 ans ou 16 ans avec un accompagnateur)
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