Home Exposition Ceci n’est pas l’Europe !

Drôles de desseins

© Karl (Belgique)

Coproduite par le Mons Memorial Museum et l’association Cartooning for Peace (présidée par Plantu) cette exposition esquisse en 120 dessins de presse un portrait nécessaire mais sans concession de l’Europe. L’occasion de découvrir, aussi, toute la diversité d’un art devenu depuis un sinistre matin de janvier la cible d’une tripotée d’abrutis. Mais plus vivant – et vivifiant – que jamais.

Tout est parti d’une conversation avec Plantu, en 2013. « Je lui ai dit que c’était très bien de monter des expos dans le monde entier, de s’inquiéter des problèmes du Proche- Orient, des Droits de l’Homme, etc. Mais qu’il était aussi temps de balayer devant notre porte », relate Nicolas Vadot, commissaire de l’exposition. Crise migratoire, économique, montée des nationalismes, cet accrochage décrit donc l’Europe actuelle mais aussi ce qu’elle pourrait être. « Je souhaite que cette expo intrigue ou choque le visiteur, en tout cas qu’elle ouvre le débat ». Il s’agit, surtout, « de rappeler des vérités simples, comme le fait que nous vivons en démocratie depuis 70 ans, insiste ce dessinateur belge qui officie depuis 1993 dans les pages du Vif/L’Express. Il est donc extraordinaire d’avoir créé cette entité supranationale, certes imparfaite, accusée de tous les maux, mais qui ne s’appuie pas sur un conflit armé ni un désir d’expansion, plutôt sur l’élargissement ». Le parcours est découpé en 10 thèmes articulés selon un ordre précis : des prémices du projet européen jusqu’au regard que porte le monde sur le Vieux Continent, en passant par le Brexit, la place de la Turquie ou la question des réfugiés.

Altérité – Œuvres d’une cinquantaine d’auteurs représentant 29 nationalités, ces caricatures sont exposées sur des grand panneaux plongés dans une lumière tamisée, « pour installer un sentiment d’intimité et que le dessin fonctionne comme un miroir reflétant nos convictions ». L’ensemble cultive un équilibre entre les styles : « il y en a de très drôles, d’autres plus cyniques, poétiques, ou critiques, parfois à l’opposé de mes idées ». Au-delà du message, on découvre aussi un art très riche, dont la palette court de la peinture au numérique, tel cet exhibitionniste fasciste de la Portugaise Cristina Sampaio. Une discipline qui possède aussi ses écoles en fonction des pays. « En Belgique on a par exemple une culture de l’imagerie populaire, de la ligne claire façon Hergé que l’on retrouve dans les dessins de Marec, les miens ou ceux de Plantu, qui a fait ses études à Bruxelles, décrit Nicolas Vadot. Et puis à l’opposé il y a le Flamand Karl, un dessinateur très pictural ». Eh oui, c’est aussi ça l’Europe : « une diversité qui ne signifie en rien la médiocrité ». A bon entendeur.

 

Julien Damien
Informations
Mons, Mons Memorial museum

Site internet : http://www.monsmemorialmuseum.mons.be

21.02.2016>26.06.2016mar>dim : 10h>18h, 6/4€
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