Home Cinéma Christophe Cosyns

Le réanimateur

Le cinéma bis

Originaire d’un petit village de l’Oise, biberonné à La Dernière Séance et aux vidéoclubs, Christophe Cosyns dévore depuis l’enfance tout ce que peut lui offrir le cinéma, des grands classiques aux genres plus pointus. Jusqu’à fonder sa propre société d’édition de DVD…

« Même en vacances, je faisais exprès de choper des coups de soleil pour pouvoir regarder des films ». Oui, Christophe Cosyns est ce qu’on pourrait appeler un mordu. Mais pas de n’importe quel cinéma. Déplorant la disparition de l’éditeur Neo Publishing en 2010, il veut défendre un 7e art « créatif et aux idées subversives, mais souffrant d’une connotation régressive ». Après un cursus cinéma à l’université, il devient aide-éducateur dans le secondaire avant que le chômage ne l’incite à rebondir. Il souhaite créer sa propre société d’édition de DVD. « J’ai fait toutes les banques. Une seule m’a suivi ». Un montage de dossiers très lourd mais que son CAP comptable lui permet d’assumer seul. Le nom de la société est vite trouvé : The Ecstasy of Films, en hommage au morceau The Ecstasy of Gold d’Ennio Morricone. Son catalogue de départ ? La Lame Infernale, mélange de néo-polar italien et de giallo signé Massimo Dallamano, La Marque du Diable, éprouvante incursion à l’époque de l’Inquisition par le britannique Michael Armstrong et le giallo Torso de Sergio Martino. Nous sommes en août 2012. L’aventure peut commencer ! Et quelle aventure…


Artisanat – Choisir les films, trouver les ayants-droit, négocier ardemment les contrats… « Au début, j’avais une oreille collée au téléphone et un œil sur Google Translate ! C’était de la débrouille, à la manière Corman*», plaisante-t-il en revendiquant cette dimension artisanale. Viennent ensuite la création de l’arborescence du DVD, la commande des sous-titres, des visuels du packaging, et le tournage des bonus avec des intervenants spécialisés, avant de confier le bébé à un laboratoire pour l’encodage du film et la confection d’un support test. Mille exemplaires, en général, sont pressés. Un stock qui débarque alors… chez lui. Car Christophe Cosyns gère également la com’, le service clients, les envois… Pour un résultat variable : certaines références sont épuisées (les 666 exemplaires de La Marque du Diable écoulés en deux mois) alors que d’autres restent disponibles au bout de deux ans.

Sac à vomi – Christophe Cosyns se considère avant tout comme un « passeur de mémoire ». Il souhaite redonner, à l’heure du téléchargement, une place au support, au bel objet, pensé de A à Z. D’où l’ajout de goodies, comme les authentiques sacs à vomi d’époque de La Marque du Diable. Une exigence de qualité qui demande du temps : six mois de travail pour une édition (trop pour être rentable) et qui réclame des sacrifices – il n’a pas pris de vacances depuis quatre ans. Mais il peut compter sur une épouse « conciliante qui [le] soutient énormément » et remporte de vraies victoires. « Maintenant des boutiques m’appellent, et on me contacte pour sortir des films chez moi ». Pas mal pour cet autodidacte qui passait pour un fou.

* Réalisateur américain qui a produit plus de 400 films à petit budget.


La Lame Infernale (La polizia chiede aiuto… par The-ecstasy-of-films


Qui l’a vue mourir ? – Aldo Lado – Trailer par The-ecstasy-of-films

 

Audrey Jeamart

A paraître /
En novembre : Qui l’a vue Mourir ? d’Aldo Lado, collection Profondo Giallo (inédit en DVD et en VHS en France)
Avant fin 2015 : The Punisher de Mark Goldblatt, un film d’action américain adapté de Marvel,
et le documentaire Rewind This ! (consacré à la culture VHS)

A visiter / www.the-ecstasy-of-films.com


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