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Côté studio

Hugh Kretchmer

Ce photographe installé à Los Angeles s’est fait connaître par ses images teintées d’onirisme et d’ironie qu’il obtient grâce à de malicieuses superpositions et une redoutable technique de collage / assemblage. Il réalise des illustrations pour des annonceurs prestigieux et des journaux tels que le New York Times ou Rolling Stone. Rencontre avec un artiste à l’imagination sans limites. 

 

 

 

Comment avez-vous découvert la photographie ?

Grâce à mon père qui m’a appris à développer mes premières photos dans la chambre noire familiale. Cela m’a immédiatement passionné.

Comment définiriez-vous votre travail ?

Je m’efforce de transmettre un message ou une idée à travers les images. J’ai développé une technique de collages / assemblages échelonnés. Ce style a lancé ma carrière.

Comment travaillez-vous? 

Je commence par le dessin : cela m’aide à déterminer les proportions, la composition. Ainsi, je vérifie si l’idée fonctionnera ou non. Ensuite, j’exploite au maximum les capacités de mon appareil photo, pour avoir le moins possible recours à la post-production. Je travaille en studio la plupart du temps.

Quels sont vos modèles et comment les choisissez-vous ? 

Je privilégie les acteurs, plus aptes à évoquer une humeur, un sentiment, un geste. J’aime aussi que mon modèle soit abordable, pas forcément beau. Selon le projet, je les sollicite via Internet ou dans la rue.

Peut-on qualifier votre oeuvre de surréaliste ? On pense à Magritte devant certaines de vos photos… 

On m’a souvent étiqueté comme tel. Pourtant, je ne cultive pas cet aspect surréaliste. Peut-être est-ce parce que je rêve éveillé ?  

Quelles sont vos sources d’inspiration? Vos influences artistiques ? 

J’adore le constructivisme russe, le dadaïsme, le cubisme… Depuis toujours, j’observe des illustrations, des tableaux, des créations graphiques, des dessins, plus souvent que des photographies.

Pourquoi ?

Je trouve le dessin tellement plus inspirant. Si la photo a évolué avec le numérique, elle atteint toujours ses limites visuelles. La peinture, la sculpture sont infinies en termes d’interprétation, de technique, de contenu et d’expression. Leur seule limite est notre imagination.  

On remarque aussi dans vos photographies une esthétique qui renvoie aux années 1950… Pourquoi ?

J’aime tout ce qui est classique, démodé. Ma maison est remplie d’un éventail d’antiquités et ma bibliothèque est truffée d’images vintage et de livres d’arts. Il est vrai que certaines de mes images par les costumes, les accessoires voire les décors sont référencés, mais je ne fais pas nécessairement écho à cette décennie. J’essaye de rendre mes œuvres intemporelles.

Il y a aussi beaucoup d’humour dans votre travail…

Cela dépend de l’image sur laquelle je m’échine. Certaines de mes photographies sont aussi très noires et un peu effrayantes. Mais, si le sujet  justifie, je ne suis pas contre une petite pointe humoristique ou ironique sur la condition humaine.  

Au-delà de la photographie, utilisez-vous d’autres moyens d’expression?

Ma technique englobe déjà tellement d’autres formes artistiques : collage, assemblage, fabrication d’accessoires, construction de décors. Cela m’a aidé à élargir mes compétences. Je suis très concret, j’aime le processus de fabrication dans son ensemble.

Qui sont vos clients ?

Je suis toujours embauché pour des travaux commerciaux, publicitaires, éditoriaux. Ces jobs paient les factures et me permettent de développer mes projets personnels.

Et exposez-vous ?

J’expose, en ligne, à Dusseldorf* et je prépare une exposition personnelle à Los Angeles à la galerie Fathi, en octobre. C’est en quelque sorte une rétrospective regroupant des accessoires artisanaux, des dessins et un ou deux  projets d’animation.

Propos recueillis par Julien Damien
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