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La théorie du chaos

Mystery Magnet, Miet Warlop © Reinout Hiel

Miet Warlop crée des performances littéralement explosives. Les deux mains plongées dans la couleur et la matière – plâtre, perruques, tables et chaises – elle donne naissance à des pièces peuplées de personnages mystérieux, moitié homme moitié objet. Rencontre avec une inclassable artiste flamande.

Côtoyer Miet Warlop c’est entrer dans l’œil du cyclone : attelée à la préparation de plusieurs projets, elle affronte une machine à laver qui inonde son atelier de Gand tout en répondant à nos questions… Soit l’illustration parfaite de son goût très certain pour le chaos, qu’elle peaufine depuis ses premières expérimentations plastiques et sa formation aux arts visuels à l’Académie Royale des Beaux-Arts gantois. Au sein de la section « 3D/Multimedia » elle touche à tout et rapidement, se frotte à la scène, qui lui offre un « cadre magique pour confronter les objets aux images, les faire résonner dans l’espace ». Pour sa première pièce Sportband, Afgetrainde Klanken (2005), elle convie 25 amis sur le plateau et invente un combo entre performance sportive et jeu d’orchestre. Depuis, cette artiste visuelle ne cesse de chercher, tester, faire et défaire, entourée d’une équipe d’assistants, de sculpteurs et de costumiers.

Miet’s world
Dans le monde de Miet, on trouve une table pourvue de jambes à talons hauts, un homme-élastique géant, des personnages sans tête ou portant des perruques de laine démesurées en guise de couvre-chefs. Des créatures touchantes et maladroites, qui provoquent des catastrophes. Chaque pièce est une succession de réactions en chaîne respectant un timing millimétré, semblable au montage d’un film burlesque. « J’aime surprendre, me situer à la frontière entre le divertissement et la stupeur. Un jeu subtil pour que le public rejoigne ma planète ».

Big Bang
Son œuvre repose sur un big bang créatif : « Chaque pièce surgit de la précédente, je travaille avec les objets, suivant une ligne continue, et les projets se forment à mesure ». Mystery Magnet (2011) est ainsi un tumulte organisé, à coups de fumées, de liquides, de mousses colorées et de bombes de peinture, fruit de l’imaginaire d’un personnage solitaire et obèse. Dragging the Bone, sa dernière pièce en date, s’avance comme un autoportrait lunaire et déjanté où elle campe une fille sans visage aux cheveux longs dans un monde sculpté de blanc. Quelle est donc la relation entre ces deux spectacles ? « L’explosion pour la première, l’implosion pour la seconde. J’ai tout dévasté avec Mystery Magnet, pour la suivante j’explorais ce qui restait : moi ». La Flamande aime surprendre, et ne cesse de pousser les limites de son œuvre, « hors des murs du théâtre, hors des corps, hors des idées, hors de la peur, dehors ! (rires) ».

Sur tous les fronts
Cet automne, elle inaugure sa première exposition personnelle à Gand, mène de front la tournée de Mystery Magnet et Dragging the Bone, avant d’attaquer en janvier une nouvelle création, « une pièce de groupe avec un batteur, des musiciens, et trois ou quatre performers ». Miet se reconnaît dans cette suractivité : « La surprise, le chaos, l’énergie destructrice qui permet de recréer… ça ressemble bien à ce qu’il y a dans ma tête ! ».

Texte Marie Pons / Photo Mystery Magnet © Reinout Hiel
Informations
Charleroi, Charleroi Danse

Site internet : http://www.charleroi-danse.be

Mystery Magnet03.10.201521h30, 15>1,25€
Mystery Magnet
Gand, Campo

Site internet : http://www.campo.nu/en

Mystery Magnet18.11.2015>20.11.201520h30, 13>7€
Dragging The Bone
Louvain, 30 CC

Site internet : http://www.30cc.be

Dragging The Bone09.12.2015>20.11.201520h, 16>8€
  • Exposition : novembre, Gand, Kiosk Gallery
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