Kraftwerk
Boing, Boom, Tchak
A l’aube des années 1970, en pleine vague hippie, deux étudiants du Conservatoire de Düsseldorf s’apprêtent à révolutionner la musique. L’histoire est bien connue : en utilisant le synthétiseur comme un instrument à part entière, Florian Schneider-Esleben et Ralf Hütter annoncent l’émergence de la techno. Aujourd’hui, les sorties de Kraftwerk s’appréhendent comme des performances multimédias, en témoignent leurs passages au MoMa de New York (2012) ou à la Tate Modern de Londres (2013). Le Nouveau Siècle, où le quatuor se pose ce mois-ci, n’a jamais si bien porté son nom.
LE PROGRAMME: « Ce que j’essaie de faire avec les synthétiseurs, c’est chanter avec les doigts », explique Ralf Hütter lors d’une de ses rares déclarations. Voici résumée l’essence de Kraftwerk : considérer cet outil comme un instrument, pour créer des sons inédits et pas simplement reproduire ceux existants. Ainsi naquit le concept d’ « Industrielle Volksmusik » : la musique industrielle populaire !
LES COMPOSANTS: La tour centrale : Konrad « Conny » Plank, ingénieur du son et producteur des quatre premiers albums du groupe. C’est à lui que Kraftwerk doit ce son « industriel ». Les périphériques: (ou les cousins germains, forcément) : Neu!, Can, Tangerine Dream. Ils ont piraté le logiciel : de David Bowie (période berlinoise) à Gesaffelstein, en passant par Afrika Bambaataa, Depeche Mode, Boards of Canada ou même Pharrel Williams… pour ne citer qu’eux!
CONTRE-COURANT: Dans la langue de Goethe, Kraftwerk signifie « centrale électrique », parfait miroir de leur musique inspirée par une modernité qui inquiète et fascine. à la fois source d’aliénation et d’émancipation.
« La techno est à l’image de Détroit : une totale erreur. Comme si George Clinton et Kraftwerk étaient coincés dans un ascenseur avec un synthétiseur pour leur tenir compagnie. »
-Derrick May-
SUR LA ROUTE: Sinon, Florian et Ralf adorent les longues balades en voiture, et faire du vélo : d’où les disques Autobahn et Tour de France.
L’HUMOUR A LA MACHINE: Malgré les apparences, ces Allemands sont de vrais boute-en-train. Aux critiques qui les considèrent « déshumanisés », ils répondent par un joli pied-de-nez musical : The Robots (1978). Et pour jouer le morceau sur scène, ils ont recours à des automates. Bien avant Daft Punk…
PAS CHOU: Raillant la nouvelle génération de Teutons rockeurs (Neu!, Can, entre autres), les journalistes anglais qualifient leur musique du peu flatteur krautrock : le « rock du chou » ou « rock choucroute ».