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La Politesse

Verticales

Une fois surmontée l’épreuve de la page blanche, achevée la recherche de subventions et atteint le graal de la publication, vient l’étape de la promotion pour tout écrivain cherchant à dépasser le succès d’estime. Au prétexte de souvenirs rassemblés pour sa nièce, le narrateur dépeint les coulisses de cette inévitable « promo », plus ou moins exotiques selon que vous serez David Foenkinos – ici archétype du romancier populaire – ou un semi-inconnu confondu dans le taxi avec un animateur de France 2. Si les premières pages de La Politesse (dont la ressemblance phonétique avec La Délicatesse ne saurait être fortuite) agacent, c’est que l’auteur d’Entre les murs entretient le trouble sur la nature du « je ». Interview expéditive sur une radio prestigieuse ou lecture devant six retraités et 10 chaises vides dans une médiathèque de province, on devine les anecdotes vécues, exagérées et re-compilées dans cet ouvrage qui flingue avec un mépris délectable le monde littéraire. Quittant peu à peu le terrain du journal de bord pour glisser vers le roman, François Bégaudeau montre alors l’étendue de son talent, entre autres grâce à une déconstruction syntaxique et une oralité savamment orchestrées.

Marine Durand

304 p., 19,50€.

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