Putain de Guerre
Aux larmes
« Les vrais vaincus de la guerre, ce sont les morts », disait Ernest Renan. Le devoir de mémoire conduit parfois à des impasses, surtout lorsqu’il s’agit de la Première Guerre mondiale – trop longtemps, des officiels ont commémoré la grande boucherie par le prisme de l’héroïsme. L’objet de cette Putain de Guerre est autre.
Ainsi baptisée d’après le chef-d’œuvre de Jacques Tardi et de l’historien Jean-Pierre Verney, cette exposition sort des tranchées pour embrasser l’horreur, où qu’elle soit, jusqu’à nos jours. Prenant pour point de départ la BD précitée, elle présente cinquante pièces signées de 17 photographes, peintres, sculpteurs, plasticiens et vidéastes. Belges ou Afghans, Grecs ou Russes, Anglais ou Palestiniens, ces témoins donnent un point de vue fort différent dans le traitement et la forme, mais se rejoignent sur une condamnation sans appel de la guerre, quelle qu’elle soit. On retient, entre autres, ce cercueil d’où surgit un point levé (Werner Reiterer, 2008), ou ce squelette au pinceau entre les dents signé Leo Copers. Moins conceptuels, certains photo-reportages nous propulsent à Kaboul et l’Anglais Bryan Adams dévoile un livre immortalisant les fameuses Gueules Cassées. Enfin, citons L’Âme En Sang (2011), documentaire poignant sur le retour de soldats américains après la campagne d’Irak. Son réalisateur, Olivier Morel, a scénarisé Les Revenants (2013), traitant de ce sujet et dessiné par Maël (Notre Mère La Guerre). Des tranchées au Yémen, les causes ont changé, la douleur est la même.