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Humains, trop humains

Compositeur : Björk / Direction musicale : Bassem Akiki / Mise en scène : Sjaron Minailo
Medulla, Cover Bjork © M/M

En août 2004, Björk livrait l’album Medúlla comme un cri de douleur face aux débordements racistes et nationalistes ayant suivi les attentats du 11 septembre. Une décennie plus tard, La Monnaie choisit de l’adapter sur scène dans un opéra pour chœurs d’enfants et solistes confirmés. En ces temps de bouleversements identitaires, ses enjeux n’ont jamais été autant d’actualité.

« A l’origine, Björk voulait baptiser son projet Ink (Encre), en référence à ce « sang vieux de 5 000 ans qui est en nous tous ». Puis elle s’est arrêtée sur Medúlla, la moelle, en latin, confie Krystian Lada. Ce terme renvoie à l’essence de la condition humaine, ce qui nous unit par delà nos origines, nos croyances, notre âge, notre nationalité ». Le jeune directeur de la dramaturgie de La Monnaie rêvait d’un opéra depuis sa première écoute de Medúlla. « Au-delà du positionnement évidemment politique, l’album m’a toujours inspiré par sa composition musicale ». Dans sa quête d’un univers ancestral et universel, Björk a entièrement dédié son œuvre à la voix, mêlant mélodies a capella, chants gutturaux, beatbox et vocalises. Un défi supplémentaire pour le dramaturge, qui s’est entouré d’une toute nouvelle équipe artistique pour cette production.

100 enfants sur scène.

A la mise en scène, l’Israélien Sjaron Minailo, auteur de plusieurs opéras expérimentaux. Aux costumes, le couturier et décorateur danois Henrik Vibskov, dont les motifs ethniques faisaient joliment écho aux textes de Björk. Mais c’est peut être la performeuse Anat Spiegel, en charge des arrangements musicaux, qui a relevé le challenge le plus vertigineux : faire chanter les titres de l’Islandaise aux chœurs de jeunes de La Monnaie – près de 100 enfants sur scène – épaulés par deux solistes expérimentés. « Avec ce projet, nous voulions recréer quelque chose qui n’existe plus dans notre culture : le transfert de connaissances et d’expériences entre générations ». Agrémenté de percussions et de rythmes électroniques mais débarrassé de la sémantique (Björk mêlant anglais, islandais et langages imaginaires, l’équipe s’est concentrée sur les sonorités), ce Medúlla 2015 devrait se présenter comme un rituel sensoriel, une expérience inédite à vivre en commun. « Bien avant les récents incidents de Paris, nous souhaitions inviter notre public à s’interroger sur notre façon de cohabiter dans la société, relève Krystian Lada. Je pense que les gens sortiront avec des avis complètement différents sur ce qu’ils viennent de voir. Ce que ce projet cherche à montrer, c’est précisément la multiplicité de l’individu ».

 

A LIRE AUSSI: L’INTERVIEW DE KRYSTIAN LADA

Texte Marine Durand / Photo Björk, Medúlla © Inez and Vinoodh, M/M Paris Chœurs de jeunes de La Monnaie © Herman Ricour

Medúlla

Björk

Compositeur ¦ Björk
Direction musicale ¦ Bassem Akiki
Mise en scène ¦ Sjaron Minailo
Décors & costumes ¦ Henrik Vibskov
Éclairages ¦ Maarten Warmerdam
Dramaturgie ¦ Krystian Lada
Nouveaux arrangements vocaux ¦ Anat Spiegel
Live electronics ¦ Henry Vega
Direction du chœur d´enfants ¦ Denis Menier
Direction du chœur de jeunes ¦ Benoît Giaux
Solistes ¦ Roberta Alexander
Kevin Walton
Mireille Capelle
Frode Olsen
Chanteuse de gorge ¦ Jackie Janssens
Percussion ¦ Simon Weetjens
Chœur ¦ Choeurs d’enfants et de jeunes de la Monnaie
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