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Le beau bizarre

Bubble gum

De son propre aveu, Esra Røise n’est « pas très douée » pour expliquer ses dessins. On peut donc y voir tout ce que l’on souhaite. Au premier coup d’œil : une féminité qui déborde de spontanéité, flirtant avec l’esthétique de la mode, que traduit un coup de crayon précis et virtuose. Des portraits très réalistes dynamisés par des tâches de couleurs vives qui semblent jetées sur la page avec une parfaite maîtrise. Mais c’est un univers un peu fêlé que l’on contemple. à bien y regarder, ces jeunes femmes ont toutes quelque-chose qui cloche : un œil abîmé, le nez qui saigne, un regard âpre… « Je suis attirée par le bizarre, les visages qui ont des traits un peu étranges, en tout cas pas du tout policés, confie la Norvégienne. Une posture dégingandée, un nez proéminent, des dents écartées…, j’adore ça ! » Pour Esra Røise, la beauté – comme le diable – se cache donc dans les détails, et surtout « l’imperfection », dit-elle. Diplômée de la National Academy of the Arts d’Oslo, spécialisée dans l’illustration de mode (elle travaille avec Nike, Levi’s Curve ID, les magazines Vogue, Milk, Vice ou Popshot) Esra Røise en détourne les codes pour mieux sublimer son sujet. Cherchant ainsi à « bousculer la perception conventionnelle que l’on peut avoir de ce qui est beau ». Une quête de contraste que l’on retrouve dans sa technique, qui croise l’analogique et le digital : « J’aime la précision du crayon et la manière dont il se mêle à l’aquarelle et à l’encre : on ne sait jamais ce que cela va donner ». Ce que l’on appelle la beauté de l’incertitude.

Julien Damien
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