Home Best of Interview La confrérie de la gaufre liégeoise

Jacqueline Vervoort

Jacqueline Vervoort est Grand Maître de cette très sérieuse institution appelée « la Strème »*. Celle qu’on surnomme « gaufrette » sort du moule.

D’où vous vient cette passion pour la gaufre liégeoise ? J’ai toujours vu faire des gaufres. Comme dans Astérix, je suis tombée dans la pâte quand j’étais petite ! Rien que d’en parler j’ai les papilles gustatives toutes retournées.

Quel est le but de votre confrérie ? La gaufre liégeoise tombait dans l’oubli, surtout celle à la cannelle. Il fallait la remettre au goût du jour. Désormais, c’est bien reparti.

Vous faîtes donc une différence ? Oui, la gaufre de Liège est au sucre perlé. La gaufre liégeoise quant à elle, est à la cannelle, et beaucoup plus ancienne. Car on utilisait la cannelle avant la révolution industrielle, lorsqu’il n’y avait pas encore de sucre pour tout le monde.

Pouvez-vous nous présenter votre tenue ? Tout est en rapport avec le produit, évidemment ! On a mis en médaille la gaufre, que j’ai moi-même dessinée. Notre cordon est lui de couleur bleu-ocre, comme ceux qui portaient et vendaient les gaufres autrefois.

Quelles actions entreprenez-vous ? On se réunit tous les deux mois chez nous. Je distribue à nos membres un calendrier avec toutes les belles sorties et les chapitres à honorer dans les autres confréries: ça dure toute la journée, on reçoit du matin jusqu’au soir. Ça nous permet de faire la fête ! On s’amuse bien tout en défendant notre produit.

Au-delà du côté terroir, quel autre but poursuivez-vous ? Comme toutes les confréries, il s’agit aussi de récolter de l’argent pour aider les associations, venir en aide à des enfants handicapés, des sans-abri, etc. Mais c’est de plus en plus difficile avec la crise. On donne quand même moins qu’il y a dix ans.

Combien de recettes avez-vous créées ? Une dizaine. A la pomme de terre, sans sucre et qu’il faut déguster accompagnées. Les gaufres ont leur place dans tout le menu : entrée, plat et dessert.

Quelle est la différence fondamentale avec la gaufre bruxelloise ? La Bruxelloise est composée d’une pâte très légère. Toute seule, elle ne s’avale pas bien. Pour l’apprécier, il faut y ajouter du sucre, des fruits, de la chantilly, du chocolat. Tandis que notre gaufre à la cannelle ou au sucre perlé, vous la placez au four (je conseille de la manger tiède), et elle se suffit à elle-même.

La frite belge revendique son inscription au patrimoine mondial de l’humanité. Et la gaufre liégeoise ? J’ai été contactée par la ville et la province de Liège. On va d’abord essayer de la hisser au même plan que le café liégeois pour qu’elle soit ensuite reconnue au même titre que la frite.

Quels sont vos arguments ? On mange des gaufres partout ! Je ne sais pas combien de doigts il me faudrait pour compter le nombre de fois où j’ai été contactée par des journalistes : chinois ou canadiens… On vient du bout du monde pour écrire sur la gaufre !

*« étrenne » en patois wallon.

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Propos recueillis par Julien Damien

A visiter : www.lastreme.be

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