Home Cinéma Vincent Patar & Stéphane Aubier

Bûcherie chevaline

Patar & Aubier (photography Kris Dewitte)

Après le succès d’Ernest et Célestine, Patar et Aubier reviennent en salle avec un nouvel épisode déjanté de Panique au village. Les deux génies belges du film d’animation nous livrent leurs secrets de fabrication.

Dans leur bureau à Saint-Gilles, Vincent Patar et Stéphane Aubier travaillent déjà au prochain épisode de Panique au Village. Les deux dessinateurs griffonnent le scénario sur des feuilles de papiers dans un joyeux bordel. Des figurines, des jouets et divers brols trônent aux quatre coins de la pièce. Sur un mur est placardé le nouveau story-board.  « Ce sera sur le thème de la rentrée scolaire », s’enthousiasme Stéphane Aubier. « Comme avec La Bûche de Noël, on aime les sujets fédérateurs.» 

Vide-greniers 

Les enfants ne sont pas les seuls amateurs de leur travail. Depuis Pic Pic André, un cartoon aux graphismes épurés rappelant Tex Avery, jusqu’à Panique au village, les créations du duo dégagent un côté surréaliste et absurde typiquement belge. « Lors de la projection d’un de nos films à Toulouse, il y avait autant de gosses que de barbus tatoués », se marre Vincent Patar. Avant d’être porté sur grand écran, Panique au village se présentait comme une série de 20 épisodes courts diffusés sur Canal+, en 2002. L’histoire raconte les aventures burlesques de trois figurines en plastique : Indien, Cheval et Cowboy. « On les a chinées dans des brocantes. On a choisi ces personnages parce qu’ils étaient les plus courants. » Les jouets sont alors repeints, et le duo s’amuse avec leurs positions.  En fouillant dans un grand seau en plastique, Stéphane pioche un Indien avec une étoffe sur l’épaule. « Avec celui-ci j’imagine déjà une scène. On dirait qu’il part  se coucher. » Pour La bûche de Noël, le scénario a exigé des attitudes plus compliquées. 350 figurines ont ainsi été fabriquées.

Les Oscars 

Le film est animé en stop motion (image par image) à l’aide d’un appareil photo. Les décors sont à l’échelle et ressemblent à des maisons de poupée. Le résultat est à mille lieux des standards de l’animation où la 3D règne en maître. « Pour de l’eau, on va utiliser du silicone. Du coup il y a toujours un côté solide et le spectateur le ressent, ça donne de la chaleur », poursuit Vincent. « On revendique ce côté artisanal, insiste Stéphane. On ne serait pas à l’aise avec une grosse équipe ». Le duo a pourtant connu une notoriété planétaire avec Ernest et Célestine, nommé aux Oscars cette année. Le succès ne donne toutefois pas à Patar et Aubier des envies de cinéma traditionnel. « On serait frustrés. Avec l’animation, les scénarios les plus fous sont possibles. Et puis un acteur en plastique ne se plaint jamais ».

 

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La bûche de Noël

Pour se faire pardonner de leurs sempiternelles gaffes, Cowboy et Indien partent en quête d’une bûche, dessert indispensable pour le réveillon de Cheval. Les aventures des deux héros sont aussi barrées que dans les précédents épisodes et sortent du ronron habituel des films de fin d’année. « Notre Père-Noël ressemble à Lemmy de Motorhead », s’amuse Vincent Patar. Et les voix détonnent toujours autant. « Depuis le début on bosse avec les mêmes potes, notamment Ben (Poelvoorde) et Bouli (Lanners) ».

Texte : Julien Collinet / Photos La Bûche de Noël © Panique, Autour de Minuit, Beast Animation / Patar & Aubier © Kris Dewitte

A voir / Panique chez les jouets, 3 films d’animation : La Bûche de Noël (26 min), de Vincent Patar et Stéphane Aubier / Macropolis (8 min) de Joël Simon et Le Petit Dragon (8 min) de Bruno Collet. En salles.

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