Home Exposition L’âme du studio Ghibli

Les secrets du layout

Ashitaka (Princesse Mononoke) © FXP, Studio Ghibli

À la source de chefs-d’oeuvre comme Princesse Mononoké ou Le Tombeau des lucioles, il y a d’abord un coup de crayon appliqué. Hayao Miyazaki et Isao Takahata partagent un secret de fabrication : les dessins de layout. Étape cruciale mais méconnue dans les réalisations du studio Ghibli, ceux-ci en portent pourtant l’essence. Visite d’une exposition qui souligne le rôle de ces travaux dans le processus créatif des génies de l’animation japonaise.

Cartographies détaillées de chaque plan, les dessins de layout sont esquissés à partir du scénario original de chaque film et déterminent le cahier des charges de la réalisation. Cette pratique est née avant la fondation du studio Ghibli, lorsque le duo travaillait sur la série Heidi, en 1974. A l’initiative de Takahata, mais essentiellement réalisés à la main par le prodigue Miyazaki, des dizaines de milliers de dessins ont joué un rôle clé dans la conception de plus de 20 longs-métrages. Ils sont devenus une marque de fabrique du légendaire studio fondé en 1985. Et constituent une porte d’entrée vers les univers poétiques des deux réalisateurs japonais, une preuve du sacerdoce que représente la création d’un film d’animation culte.

ADN

Au départ, il y a une simple feuille blanche, avec un cadre au centre, la mention Studio Ghibli CO.LTD en haut à gauche, des codes indéchiffrables pour les profanes en haut à droite. Puis le dessinateur y insuffle l’ADN de l’oeuvre en gestation : personnages, décors, ambiance… Le dessin comporte également les indications sur le positionnement de chaque objet, leur éventuel mouvement, mais aussi la façon dont ils s’intègrent au sein d’une séquence complète. Sur une même page peuvent ainsi cohabiter la représentation détaillée d’un personnage – comme la Princesse Mononoké montant fièrement son loup géant – et des signalétiques très techniques comme les annotations « in » et « out » qui distinguent les éléments  qui entrent ou sortent du champ pendant une séquence. Des contours rouges dissocient simultanément la partie « mobile » – relevant de la responsabilité du département « animation » – de « l’immobile » – gérée par l’équipe « décor ». S’ils sont nés d’une nécessité pratique, les dessins de layout connaissent aujourd’hui une seconde vie et sont considérés comme des oeuvres d’art à part entière. Un cadeau supplémentaire de Miyazaki et Takahata à la postérité.

Texte Nicolas Jucha / Photo © FXP, Studio Ghibli

Jusqu’au 01.03.15, Paris, Art Ludique, lun & jeu, 11h>19h, mer& vend, 11h>22h, sam & dim, 10h>20h, 15,50€>10€ (4>12  www.artludique.com

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