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Phonovisions Symphonic Orchestra

Lab'Oratoire / Believe Rec.
Phonovisions Symphonic Orchestra

En quatre albums, Wax Tailor s’est imposé comme la figure de proue du trip-hop à la française. Après dix ans de carrière et des tubes comme Positively inclined, Que Sera ou Seize the day, Jean-Christophe le Saout revisite son œuvre en version symphonique. Phonovisions Symphonic Orchestra offre un voyage sonore et visuel dans l’univers de celui que les Américains surnomment « le grand couturier de l’électronique ».

A l’heure où le cinéma célèbre la (sur-galvaudée) french touch à travers Eden de Mia Hansen-Løve, il fallait bien un projet de cette démesure pour rappeler la place qu’occupe Wax Tailor sur l’échiquier mondial de l’électro. En mai dernier, le presque quadragénaire emmenait sur la scène du Théâtre Sébastopol ses platines, ses machines, mais aussi un orchestre composé de 35 musiciens et de 17 choristes. Pour préparer ce spectacle (puisque c’est bien de cela qu’il s’agit) alliant images, sons et haute technologie, il s’est même attaché les services de chercheurs du CNRS ! Depuis, le show a tourné un peu partout dans le monde (jusqu’à Bogota) mobilisant au total près d’une centaine de personnes (techniciens compris). En résulte aujourd’hui un double album/DVD,  Phonovisions Symphonic Orchestra, enregistré en live – à Lille donc – et qui « lifte » 27 de ses titres.

Si l’on connaît l’appétence des Djs pour les grands écarts musicaux  – parfois malheureux – Wax Tailor évite les écueils de l’exercice en parvenant à se renouveler sans se trahir, c’est-à-dire sans jamais renier les racines urbaines de sa musique tout en laissant – largement – ouvert le champ de l’expérience. On le sait, l’artiste-producteur a toujours marié les genres mais, cette fois, l’ajout d’un orchestre symphonique – dirigé par la chef lilloise Lucie Leguay – donne une dimension quasi épique à son univers musical. Celui-ci oscille entre hip-hop, pop, jazz, classique et est élégamment parsemé de samples de dialogues de vieux films américains – une autre référence du Français.  Sur scène, la projection d’extraits cinématographiques et d’effets visuels 3D (assez réussis) entretient un dialogue tacite avec les instruments, jusqu’à troubler le spectateur, qui ne sait plus vraiment s’il voit du son ou écoute des images. Disons qu’il phonovisionne.

Julien Damien
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