Home Best of Chroniques Geronimo

Tony Gatlif

Une course effrénée vers la liberté ouvre le film. Celle de Nil, adolescente d’origine turque, qui fuit le jour de son mariage pour retrouver Lucky, son amour gitan. Après Liberté, Gatlif signe un film percutant, dans lequel la mise en scène n’a rien perdu de son énergie viscérale.

C’est l’été, des gamins tournent en rond dans une cité du sud de la France. Geronimo, c’est le surnom de l’éducatrice qui veille sur eux (remarquablement interprétée par Céline Sallette). Elle sillonne le quartier sans relâche pour maintenir un climat à peu près paisible. C’est elle l’apache solitaire qui use de la parole pour calmer les esprits et qui connaît tout le monde. Alors quand l’échappée sauvage de Nil et Lucky met le feu aux poudres entre les communautés, elle doit redoubler de vitalité pour contenir les deux camps, éviter l’explosion. La caméra de Gatlif circule entre les bandes rivales, accroche les regards et frôle des corps toujours prêts à bondir. La violence des échanges s’exprime aussi par la musique et dans la danse. Les chefs de gang s’affrontent à coup de flamenco dynamité par des influences hip-hop. Le tempo est scandé par la musique traditionnelle turque ou des complaintes gitanes. Gatlif s’inspire de sa propre expérience en brossant le portrait d’une jeunesse livrée à elle-même. Apprenti voyou, passé lui-même par une maison de correction, il fut marqué par un éducateur qui l’a initié au cinéma. Son regard sur notre époque reste amer : « Le film parle d’une partie de la jeunesse d’aujourd’hui, abandonnée à son sort, laissée pour compte. Un gâchis de talent incroyable ». Un coup de poing salvateur et bienvenu. Ugh !

De Tony Gatlif, avec Céline Sallette, Rachid Yous, David Murgia, Nailia Harzoune… Sortie le 15 octobre.

Marie Pons
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(c) Michael Crotto / Gaumont