Home Cinéma Aimer, Boire et Chanter

Un chant d'amour

d'Alain Resnais

La disparition d’Alain Resnais aurait pu transformer son 19e long-métrage en chant funèbre. Et pourtant, non. Par son goût du jeu sans cesse affirmé, le film résiste à ce destin. Jusqu’au bout, cette figure majeure du cinéma français aura été du côté de la vie. Resnais est mort, vive le cinéma de Resnais !

Retour dans l’Angleterre du dramaturge Alan Ayckbourn vingt ans après Smoking / No Smoking (1993) : même ancrage campagnard, même passion pour les jardins, mêmes figures (le médecin, la professeure, le fermier,…) et même stylisation des lieux, ici épurés au maximum. Les façades sont réduites à de grands rideaux colorés et les jardins, à quelques massifs découpés dans du papier. Du théâtre filmé ? Non, car c’est justement ainsi que le cinéaste déploie son art si précis du découpage et de la mise en scène, organisant la valse des personnages autour d’un mystérieux absent.

Vous n’avez encore rien vu
Jamais George Riley, atteint d’un cancer en phase terminale, ne nous sera montré. Mais tel un trou noir, il aimante l’attention et l’énergie de ses couples d’amis. George est d’ailleurs une véritable énigme. Comment peut-il susciter le désir de tant de femmes quand sa maison déborde de nourriture moisie ? La réponse ne viendra pas mais, réveillant chez chacun le souvenir d’occasions passées, George rappelle qu’il faut vivre avant qu’il ne soit trop tard. Et le théâtre, le jeu, sont là pour cela. Le drame n’est pas absent, évidemment, mais la malice et l’humour de Resnais, l’invention constante des acteurs, l’emportent sur tout. La mort attendra.

Raphaël Nieuwjaer

Avec Sabine Azéma, Hyppolite Girardot, Caroline Silhol, Michel Vuillermoz, Sandrine Kiberlain, André Dussollier…

Articles similaires
(c) Michael Crotto / Gaumont