Home Cinéma NYMPH()MANIAC – Volume 2

Fais-moi mal

de Lars Von Trier

« Je ne sens plus rien ». Ainsi s’achevait le premier volume de Nymph() maniac.  Un teaser putassier accompagnait ensuite le générique. Entre sadisme et métaphysique, triolisme et digressions érudites, faut-il vraiment craindre le pire ?

Retour au premier épisode : par une nuit pluvieuse, Seligman (Stellan Skarsgård) trouve Joe (Charlotte Gainsbourg) allongée dans la rue, le visage tuméfié. Réfugiée dans sa chambre monacale, elle lui conte par le menu son histoire sexuelle, comme dans les dialogues libertins du XVIIIe siècle. D’abord pénible, cette forme narrative gagne en légèreté lorsque Von Trier la court-circuite par l’humour. Seuls l’humour et la malice sauvent ce film du tombeau d’ennui, de grotesque, voire d’abjection qu’il frôle souvent. Sous le double patronage de la grande putain de Babylone et de Messaline, nymphomanes légendaires apparues à la jeune Joe lors d’un orgasme spontané, le second volume est un chemin de croix vers l’asexualité.

Ce cheminement nécessite quelques détours. Se découvre alors le fond rance du système Von Trier. Un exemple ? La séquence avec les deux «nègres» qui parlent « africain » (double-sic). On apprend que ne plus utiliser le mot « nègre » nierait une réalité, et nuirait à la démocratie – comme si ce mot n’avait pas d’histoire et désignait une vérité éternelle. Insondable bêtise, qui parcourt tout le film et n’offre au réalisateur qu’une conclusion : l’humanité est mauvaise. A l’écran, reste le nihilisme d’un homme, et l’impuissance d’un cinéaste.

Raphaël Nieuwjaer

Un film de Lars Von Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin, Shia Labeouf…


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