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À DÉFAUT D’INVESTIR UN NOUVEL ÉDIFICE, LE FIN DE SIECLE, DERNIER NÉ DES MUSÉES BRUXELLOIS, PREND SES QUARTIERS DANS L’ANCIEN MUSÉE D’ART MODERNE. CONSACRÉ AUX ANNÉES 1868-1914, PÉRIODE ARTISTIQUE FONDAMENTALE EN BELGIQUE, LE CIRCUIT EST TOURNÉ EN GRANDE PARTIE VERS LA CONDITION SOCIALE DE SES CONTEMPORAINS.

« Il était temps de donner plus de sens à nos collections » explique Inge Rossi, conservatrice. Il est vrai que les Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique pouvaient ressembler à un vaste capharnaüm. La réforme fut initiée avec l’inauguration du Magritte Museum (en 2009). Et malgré des retards incessants, le musée Fin de Siècle, consacré à la fin du XIXe siècle, ouvre enfin. La Belgique, tout jeune pays, est alors en plein essor : les mines de charbon et les usines tournent à plein régime. Léopold II enrichit le royaume sur le dos du Congo alors que de grands artistes se pressent à Bruxelles sous l’impulsion du Groupe des XX et du salon de la Libre esthétique. On comprend vite que ces derniers furent à l’écoute des mutations sociales de leur époque. Ainsi, la première salle des 4 500 m2 de l’établissement ouvre grand les bras à Charles Hermans et son imposante toile À L’Aube (1875) : sérieusement éméchés, de riches bourgeois sortent d’un club sous le regard atterré d’ouvriers misérables. À l’époque, l’œuvre choqua, mais fut déterminante pour le réalisme belge. De nombreux artistes exposés (Constentin Meunier, Léon Frédéric) s’intéressent aux questions ouvrières et paysannes.  « Il existait une réelle volonté de démocratiser l’art en belgique. On donnait des cours artistiques à la maison du peuple de Bruxelles » poursuit Inge Rossi.

L’art Nouveau
« Même s’il est resté élitiste, l’Art Nouveau est pour beaucoup dans cette démocratisation. Horta et Van de Velde souhaitaient introduire l’art décoratif dans le quotidien ». Cette marotte bruxelloise tient une place de choix grâce à l’incroyable collection privée Gillion Crowet. Enfin, cette période inaugure d’autres courants à l’aube de la Grande Guerre. La noirceur des tableaux de Félicien Rops ou l’abstraction et le modernisme des toiles de Léon Spilliaert concluent un circuit de quatre étages qui n’étale jamais son opulence. La sélection montre surtout comment les artistes de cette époque, à Bruxelles, ont annoncé tout le XXe siècle.

Julien Collinet
Informations
Bruxelles, Musée Fin de Siècle

Site internet : http://www.fine-arts-museum.be

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