Home Agenda François Morel

Acteur de proximité

 © Christine Aubry, 2013 Solaris Distribution

À la grande époque des Deschiens, dans la rue , on demandait à François Morel la recette du Gibolin.  Aujourd’hui, on l’aborde pour ses dernières chroniques sur France -Inter. Au risque d’oublier que l’homme, né à Flers (Orne) il y a 54 ans, jongle avec les casquettes . Actuellement, François Morel a six spectacles en tournée , dont deux passent dans la région. L’occasion de faire le point en toute simplicité avec un artiste hors du commun.

Comment peut-on vous présenter ?
Auteur, comédien, chroniqueur, conteur, chanteur, poète ? Poète c’est beaucoup. Disons que je suis un comédien qui écrit parfois ses textes. C’est sur une scène que j’ai le sentiment de faire le mieux mon métier. Sinon, il y a un vieux mot que je ne déteste pas : fantaisiste. Vous décrivez La fin du monde est pour dimanche comme un spectacle existentiel.

C’est-à-dire ?
C’est un peu pour rire, hein. Existentiel, car je me concentre sur le temps qui passe, la recherche du bonheur, des amours impossibles… Evidemment, je traite tout ceci avec une certaine légèreté. Je m’attarde sur quelques angoisses, mais autour desquelles on se réunit au théâtre pour rire et se consoler.

Comment trouvez-vous l’équilibre entre ces différents registres ?
L’humour détermine mon rapport au monde, mais les spectacles que je préfère sont empreints d’une certaine gravité. La grande comique suisse Zouc évoquait la maladie, la vieillesse et la mort avec un humour ravageur. Ces gens-là m’ont inspiré. Je ne monterais pas un spectacle sur François Hollande ou Nicolas Sarkozy, je m’ennuierai avec eux.

Pourquoi avez-vous imaginé cette temporalité ?
Une vie se déroulant sur une semaine ? Le titre du spectacle provient d’une phrase de Michel Audiard, dans la première page de La Nuit, Le Jour Et Toutes Les Autres Nuits (1978). C’est d’une grande force poétique. Cet ouvrage autobiographique, assez désespéré, fut écrit suite à la mort accidentelle de son fils. Il considérait que les hommes ayant inventé les moyens de détruire la planète ne tarderaient pas à le faire… Si l’on part du principe que la fin du monde est pour dimanche, voyons où on en est, s’il nous reste quelques belles journées.

Pouvez-vous nous présenter une scène ou un personnage fétiche ?
Prenons Jeanine, la fan de Sheila : elle est a priori pathétique et solitaire, mais elle est de bonne humeur et n’en veut à personne. Elle se débrouille avec ses angoisses. En la regardant boire du Rivesaltes et écouter son idole, les spectateurs éprouvent de la tendresse pour elle et reconnaissent peut-être une voisine ou un membre de leur famille. C’est assez représentatif du regard qui je porte sur mes personnages. On ne se moque pas d’eux, on rit avec eux.

Quelle elle est l’idée de départ d’Instants Critiques, votre autre pièce en tournée ?
Au départ, je souhaitais faire plaisir à un ami, Olivier Broche. C’est un grand cinéphile, un type extraordinairement cultivé. Au théâtre, il jouait souvent de petits personnages un peu écrasés par le monde. Sa passion pour le cinéma, parfois véhémente, m’a rappelé celle de Jean-Louis Bory au Masque et la Plume. J’ai approfondi l’idée. Face à Bory, il fallait Charensol, son alter ego conservateur. Le tandem mettait en scène ses joutes oratoires pour intéresser l’auditeur. Cette pièce évoque moins la critique que l’amour du cinéma, le plaisir de la conversation et la force de l’amitié. Les oeuvres d’art rendent nos vies plus intéressantes.

Quel est votre avis sur Le Masque et la Plume en 2014 ?
Je l’écoute encore régulièrement. Dans un monde où la publicité est omniprésente, c’est important d’entendre des gens qui n’ont aucun intérêt à défendre ou à descendre un film. Mes derniers spectacles ont plutôt été plutôt défendus. En revanche, certains films dans lesquels j’ai tourné ont connu un plus mauvais sort.

Comment trouvez-vous le temps de d’écrire avec six spectacles en tournée (en tant que chanteur, auteur ou metteur en scène) ?
J’ai toujours du mal à abandonner un spectacle… Comme je joue le soir, j’ai toute la journée pour m’occuper. J’écris un peu partout : dans le train, à l’hôtel, en voiture. Non seulement mes spectacles, mais aussi ma chronique hebdomadaire pour France Inter.

Justement, comment abordez-vous cet exercice de billettiste ?
J’essaye de ne pas trop me répéter. Je n’ai pas de têtes de turc comme certains humoristes. Je me mets parfois en colère, mais je ne m’acharne pas. Le billet est un exercice de liberté absolue. Je ne suis pas obligé de faire rire. Je regarde l’actualité, je lis le journal et je vois ce que cela produit en moi. J’essaie simplement d’être intéressant. Toujours cet amour du travail bien fait !

Propos recueillis par Nicolas Pattou
Informations
Valenciennes, Le Phénix

Site internet : http://www.lephenix.fr

09.01.2014>10.01.201420:00, 28/26/22/15€

La Fin du Monde est pour dimanche
09&10.01, Valenciennes, Le Phénix, 20h,
28/26/22/15€, www.lephenix.fr
11.01, Hazebrouck, Centre André Malraux, 20h30,
18/14/10€, www.centreandremalraux.com
13&14.03, Amiens, Maison de la Culture,
www.maisondelaculture-amiens.com

Instants Critiques
26.01, Saint-Amand-Les-Eaux, Théâtre, 16h,
25/20/15€/grat, www.saint-amand-les-eaux.fr
08.02, Creil, La Faïencerie, 20h30, 12 à 25€,
www.faiencerie-theatre.com

Articles similaires
© Thomas Jean