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“Le FoMu n’oublie jamais qu’un musée demeure avant tout un lieu de transmission et d’apprentissage » écrivions-nous en juillet 2012. La maison le prouve à nouveau en trois accrochages certes différents , mais complémentaires . En s’intéressant aux parcours de Germaine Van Parys, Odette Dereze et Joseph Quatannens , l’institution remplit sa mission historique, voire patrimoniale. Puis elle pique notre esprit critique avec Editing the news , qui s’intéresse aux images de presse et, surtout, à leur utilisation .

Germaine Van Parys & Odette Dereze Débutons avec Germaine Van Parys (1893-1983), pionnière du photojournalisme en Belgique. Durant la Première Guerre Mondiale, la photographie remplace peu à peu les antiques gravures des gazettes, connaissant un formidable essor durant les années 1920. Germaine Van Parys fut de ces précurseurs, mais « ce ne fut pas toujours facile, explique Rein Deslé, commissaire de l’exposition. Elle a dû lutter. Elle était d’ailleurs membre fondatrice d’un cercle de photographes de presse mais, du fait de sa condition de femme, n’en fut jamais présidente ». Pas présidente, mais proche du pouvoir, puisqu’elle était photographe officielle de la maison Royale de Belgique. Cela dit, plus que les fastes de la cour, c’était la vie des petites gens qui peuplaient son quartier des Marolles qui l’intéresse. En témoigne cet accrochage, pour lequel de nouveaux tirages furent nécessaires. Sont immortalisés, façon Prévert, des enfants jouant dans un square, des paysages de campagne… Des sujets bucoliques ? Pas seulement ! De voyages au Congo en politique internationale, Van Parys capte l’époque et ses progrès technologiques : zeppelins, avions et autres fous volants. Autant de témoignages d’un temps révolu qui provoquent des bouffées de nostalgie. Sa nièce, Odette Dereze, prit la relève en développant l’une des premières agences de presse photographique du Royaume. Réunies, ces deux oeuvres donnent un aperçu complet (artistique, technique, politique) de la vie en Belgique, entre 1918 et 1995.

Collectie FoMu : Le Lynx À l’instar de sa collègue Germaine Van Parys, Joseph Quatannens (1902-1974) fut un pionnier du photojournalisme belge. Né à Dixmude, cet ingénieur de formation apprend à manier l’objectif avec son oncle. Il devient rapidement professionnel free-lance, sillonne la Flandre profonde puis l’Europe (Espagne, Pologne, Grande- Bretagne) pour en dresser le portrait. Ce bilingue publie dans la presse flamande et wallonne : Le Soir Illustré, Le Patriote Illustré, ABC, AZ, Zondagsvriend et Vu – entre autres. Au début des années 1930, il crée son agence de presse, Le Lynx, clin d’oeil à son patronyme (Quat signifiant chat en moyen néerlandais) et à l’animal réputé pour l’acuité de son regard. « Il offre une réponse à la concurrence accrue et la standardisation des clichés, explique Brecht Bostyn, commissaire de l’exposition. À cette époque, influencé par le modernisme, Quatannens se démarque en développant un style humaniste. Il est à l’apogée de son art ». La sélection de magazines et les 150 clichés noir et blanc (18×24 cm) rassemblés ici par thèmes (politique, crise, sports…), narrent l’histoire sociale, politique et culturelle belge de 1927 à 1950 à travers les kermesses, processions, les catastrophes minières et tout un folklore local touchant. « J’ai voulu, avec ce parcours, raconter l’histoire personnelle de Joseph et celle de la presse en Belgique » conclut l’administrateur de collection.

 

Editing the News Le poids des mots ? Le choc des photos, surtout. Des exemples ? Cette petite fille brûlée au napalm, Mitterrand et Kohl main dans la main, les avions du 11-Septembre… Les auteurs de ces souvenirs ? Les photographes, bien sûr. Mais aussi des rédacteurs en chef sélectionnant les clichés reçus. « Il y a 15 ans, explique le commissaire Joachim Naudts, deux à trois cent photos étaient transmises quotidiennement à un journal. Aujourd’hui, le responsable doit choisir parmi 15 000 envois ». Mais Editing the News n’est pas une célébration de cette périlleuse mission. Le parcours interroge également des choix, parfois étranges, sinon coupables. Citons ainsi Alfredo Jaar : ce Chilien met en perspective l’année 1994, marquée par le génocide rwandais, à travers l’intégralité des unes du prestigieux Newsweek, qui « fait » l’opinion chaque semaine. Il fallut attendre la fin du massacre (d’avril à juillet) pour que l’hebdo lui consacre une couverture. Cette exposition-choc ne joue pas la provoc’, mais use elle aussi d’images marquantes : accueillis par des cocktails molotov immortalisés durant une émeute athénienne, nous sommes assaillis par des milliers de photographies projetées sur un écran – en fait, le déroulé continu des clichés reçus par les agences de presse Belga et AFP. Dans lesquels le tri s’impose, forcément.

Informations
Anvers, FoMu

Site internet : http://www.fotomuseum.be

>02.03.2014
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