Home Exposition FRAC : en aparté avec Hilde Teerlinck

A la tête du Frac Nord-Pas de Calais depuis 2006, Hilde Teerlinck revient sur le rôle et le rayonnement de cette grande maison ouverte, dédiée à l’art contemporain.

Quelle est la particularité du FRAC Nord Pas de Calais ?
Chaque directeur privilégie un axe d’acquisition et cultive une identité. Le FRAC Nord-Pas de Calais a d’abord cherché à constituer une collection internationale, avec des œuvres emblématiques d’artistes importants des années 1980-90 : Andy Warhol, Dan Flavin, Roman Signer, Gerhard Richter, Buren, Boltanski… Il s’agissait d’œuvres assez monumentales. Puis l’accent a été mis sur le design, sans perdre de vue la création régionale. En arrivant en 2006, j’ai souhaité faire dialoguer les œuvres et renforcer une idée déjà présente, des thèmes liés à la condition humaine, la place de l’Homme dans la société.

Quels sont vos critères de sélection ?
Les acquisitions sont prises en charge par un comité de six personnes qui se réunissent deux fois par an. Ce comité émet des propositions sur la base d’échanges avec des galeries, des commissaires d’exposition. Il est toujours intéressant d’entendre un artiste en recommander un autre. On achète des œuvres à des artistes contemporains qui interrogent notre société, abordent la question de l’objet design et l’utilisation de nouvelles technologies, par exemple. Nous voulons être précurseur. Idéalement, nos acquisitions devraient un jour se retrouver dans un musée ou marquer l’histoire de l’art.

Quelles sont les autres particularités du FRAC Nord Pas de Calais ?

Notre situation territoriale, l’Eurorégion, favorise une large diffusion. Depuis dix ans nous nous concentrons sur la circulation de nos œuvres autant à l’étranger que dans la région. On possède une collection nomade, qu’on montre hors les murs à un large public. Ainsi, nous préparons le chemin pour le musée, un peu comme un brise-glace. Amener une œuvre dans un contexte étranger à l’art contemporain, ni très convivial, est aussi un attrait des FRAC. Cela nécessite d’ailleurs un important travail de médiation avec le public. Et c’est le cœur du nouveau projet du FRAC. Constituer une collection ne suffit pas, il faut l’accompagner.

Comment cela se traduit-il concrètement ?
Nous travaillons avec les écoles, les bibliothèques. Nous multiplions les partenariats, pour toucher un public a priori peu concerné par la culture. L’artiste lui-même devient vecteur. J’apprécie les résidences où il s’imprègne vraiment de son environnement. La rencontre entre les gens me paraît plus importante que la production elle-même.

Quelle rencontre vous a le plus touchée ?
Julien Bartholomé est intervenu à l’hôpital au service des addictions. Durant six semaines, cet artiste a montré
ses vidéos, qui sont très fortes. Il filme ses propres enfants comme un anthropologue, ce qui a interpellé les patients. Avec ce groupe, le temps de parole a été extrêmement important et leur a permis d’avancer.

L’accent a été mis sur l’architecture du bâtiment…
Oui. L’agence Lacaton & Vassal a eu le coup de génie de juxtaposer à un lieu emblématique de Dunkerque un double aux dimensions identiques. C’est un mariage idéal entre passé et futur. De plus, ils ont répondu au cahier des charges en donnant au FRAC un nouvel outil fonctionnel qui permet d’avoir des réserves, des salles d’expo, une salle pour le public.

Propos recueillis par Elsa Fortant
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