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Le bal des voyous

Dans les rayonnages en vrac du grand bazar pop, on n’a jamais su où ranger Born Ruffians. Pas grave. La bande menée par Luke Lalonde n’a que faire des têtes de gondoles et préfère creuser le même sillon tordu que solder son inspiration.

Longtemps, Born Ruffians n’a pas connu la retenue. Dans ses premiers essais, ces autoproclamés voyous-nés vrillaient la pop pour y faire rentrer, au forceps, mélodies brindezingues et choeurs foufous. Ainsi, le coloré Red, Yellow And Blue (2008) carambolait constructions acoustiques et envolées vocales, groove bancal et courtscircuits mélodiques, évoquant à la fois Animal Collective et Violent Femmes. Étaient chantés à tue-tête tourments post-adolescents et autres tracasseries. Ce disque en chamboula plus d’un, mais cette pop à coeur ouvert, le nez au vent, fatiguait parfois. Depuis, le quatuor de Toronto a peu à peu appris la rigueur, la discipline et l’amour du travail bien fait, valeurs trop souvent sacrifiées sur l’autel du fun. Cette année, Birthmarks plaçait le trio en cousin des mésestimés Clap Your Hands Say Yeah et, plus sûrement, en héritier de Talking Heads. Plutôt sage sur les planches, la formation exécute le plus précisément possible des chansons engageantes à la santé mentale pas très nette. Quant à savoir si ces Canadiens influenceront la jeune garde, ou ne demeureront qu’une formation coincée dans les années 10, on n’en sait rien. Et alors ? Cette pop se vit ici, et maintenant.

Vincent Lançon
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