Jens Olof Lasthein
L'attente
Après le français Bernard Plossu en 2011 et l’américain Dave Anderson l’an passé, le photographe danois Jens Olof Lasthein tire le portrait de la cité Carolo. Comme l’explique Xavier Canonne, directeur du Musée de la Photographie, « ces missions photographiques forment, en s’inscrivant dans le présent et pour le futur, une archive. L’accumulation de ces regards sera le témoignage d’une époque de transition ».
Depuis une dizaine d’années, les grands travaux (réhabilitation, extension du métro…), modifient le visage de feu le Pays Noir. « Ce n’est pas Venise, ça ne le sera jamais, poursuit l’historien de l’art. Si on pouvait déjà être Charleroi, celle qui fut l’une des villes les plus importantes de la Belgique pendant plus d’un siècle, ce serait déjà bien ». Habitué des pays de l’Est, Lasthein regrette l’uniformisation des villes d’Europe de l’Ouest. Le photographe baroudeur s’est pourtant tout de suite senti à l’aise ici. « Les Carolos font figure de résistants. Cette exposition reflète leur diversité, leur intégrité et leur savoir-vivre », précise-t-il.
Réalité glacée
Il ne faut pas moins des deux salles du musée pour rendre compte d’une mélancolie ambiante, grave et touchante. Celle du quotidien de nombreux habitants frappés par le chômage, en attente de meilleurs lendemains. Magnifiée par le travail de composition de l’artiste, on découvre, au détour d’une rue de la Ville Haute, trois générations réunies. À Marcinelle, un vieux mineur et son chien prennent la pose. Plus loin, à Dampremy, un ado attend son bus. Ni carte postale, ni moqueuse, ni dépréciative, la quarantaine de panoramiques couleur, parfois pris sur le vif, rappelle malgré le contexte, la grande vitalité de la ville.