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Fausses pistes

Peter Strickland

Un studio de cinéma dans l’Italie des années 70. C’est dans le studio Berberian qu’est post-synchronisé le film The Equestrian Vortex, énième giallo comme la Botte en a fourni des centaines durant la décennie. On suppose, c r on ne verra pas une image de ce long-métrage. En revanche, on entendra sa bande-son, fa ite de hurlements , de sorcières qu’on noie, de membres qu’on découpe…

Cette piste son est supervisée par Gilderoy, quadra britannique replet et mal dans sa peau, qui ne sait pas pourquoi on l’a engagé. On assiste au making- of : des choux qu’on tranche pour imiter le bruit de corps éventrés, par exemple. Peu à peu, d’étranges phénomènes perturbent Gilderoy, qui ne sait plus ce qui relève du film ou de la réalité… Cette figure de l’Anglais bien mis basculant dans l’étrangeté renvoie bien sûr à The Wicker Man (1971) de Tom Hardy. On pense également à David Lynch, maître du déboussolement. On pourra d’ailleurs gloser longtemps, et sans réponse possible, sur la fin du film, assez incompréhensible.

La forme l’emporte sur le fond
On était venu à Berberian Sound Studio via sa bande originale, signée Broadcast. Et l’on découvre un longmétrage qui confine à la perfection visuelle : de gros plans sur des boutons en fondus fantasmagoriques, Peter Strickland signe un deuxième essai sophistiqué. Si la lenteur de l’histoire, souvent répétitive, et l’ennui relatif qui s’en dégage, participent du charme de l’oeuvre, on en sort pourtant perplexe. Oui, tous les ingrédients (acteurs, atmosphère, photographie et… son,
donc) étaient réunis pour faire un grand film fantastique britannique, mais Strickland semble perdre le fil narratif en cours de route. Dommage. Cette rêverie laisse simplement… songeur. C’est déjà pas mal.

Thibaut Allemand

Avec Toby Jones, Cosimo Fusco, Eugenia Caruso, Antonio Mancino…


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(c) Michael Crotto / Gaumont