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Le diable se niche dans les détails

© Charles Paulicevich

Charles Paulicevich , 32 ans, parcourt Bruxelles depuis la fin des années 2000, immortalisant l’a priori banal : concours de beauté pour animaux, champs de foire… Tantôt il saisit un détail, tantôt il révèle ce qui semble anodin ou au contraire , transforme ce qui paraissait évident. Rendez-vous avec un singulier photographe .

Salon de l’automobile ou de l’érotisme, spectacles en boîtes de nuit, manifestations sportives… Ces « évènements » savamment organisés relèvent de la théâtralisation. Dans cet ordinaire revêtu de ses plus beaux atours – oublions le bon et le mauvais goût – Charles Paulicevich capte sur le vif des instantanés de vie. On songe parfois à Martin Parr mais Catherine Mayeur, commissaire de l’exposition, modère : « Le travail de Paulicevich n’est pas dénué d’humour, mais il n’y a rien de caustique ou d’ironique ». S’agit-il de dévoiler l’envers du décor ? Pas vraiment : en immortalisant ces procédés de mise en scène, cet artiste de l’ordinaire les renvoie à leur propre réalité. La nuance paraît subtile, elle est pourtant considérable. L’accrochage présente des clichés de taille certaine (55 x 82 cm) de façon horizontale et linéaire. Paulicevich refuse la narration. Pourtant, court ici une petite musique (la fameuse Variation ?), chaque image contextualisant la suivante. Une continuité s’instaure alors sur des rapports formels, de couleurs, de sujets, voire sur des associations d’idées – entre les images, bien sûr, mais aussi à l’intérieur même de ces clichés : ainsi de ce jeune homme esseulé à la piscine, les yeux dans le vague, un nageur hors-champ et l’Atomium en arrière-plan. Quel est le sujet ? Bruxelles ? Les jeux de bains ? La solitude ? À chacun de trouver sa réponse. Comme le souligne Catherine Mayeur, Paulicevich « renforce le caractère fictif du réel une fois photographié ». À méditer.

Thibaut Allemand
Informations
Charleroi, Musée de la Photographie

Site internet : http://www.museephoto.be

>12.05.2013

Charles Paulicevich – Variation. « Cet ouvrage est un tissu de mensonges. À Bruxelles, il pleut. »

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