Home Exposition Weegee: murder is my business

La mort à tout prix

© Weegee / International Center of Photography

C’est sur le pleur des sirènes de police que nous passons le seuil de l’exposition consacrée au photoreporter américain Arthur Fellig (1899-1968), alias Weegee. Roi de la presse à scandale , observateur acéré des bas -fonds new-yorkais entre 1930 et 1945, ce personnage fascinant fait l’objet d’une rétrospective au titre aussi effroyable qu’explicite : Murder Is My Business.

Car pour « faire [son] beurre », Weegee shoote tout ce que la Grosse Pomme a de plus sordide à offrir. Muni de son Speed Graphic et d’un flash impitoyable, il passe des nuits entières dans sa Chevrolet, la radio branchée sur la fréquence de la police – on pense bien sûr au rôle de Joe Pesci dans The Public Eye (1992), largement inspiré de la vie du journaliste. Publiés dans des journaux plus (Life, New York Herald Tribune) ou moins (The Daily Mirror) prestigieux, ses clichés témoignent de la violence extrême qui règne alors à Gotham City – et de son étrange banalité : ici, un mafioso étendu sur le trottoir (Body Of Dominick Didato, 1936) ; là, de joyeux badauds assistant à leur premier meurtre (Their First Murder, 1941). L’esthétique brutale et contrastée du photographe, alliée à un sens aigu de la mise en scène (Weegee n’hésite pas à déplacer les macchabées ou à mettre bien en évidence les armes encore fumantes) donne le sentiment d’assister directement au drame : le sang chaud coule sur la chaussée, les accidentés de la route ont toujours le volant entre les mains… La centaine de clichés en noir et blanc exposés ici confronte impitoyablement le spectateur à cette réalité morbide. Et lui glace le sang.

Cédric Delvallez
Informations
Anvers, FoMu

Site internet : http://www.fotomuseum.be

>27.01.2013
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