Phantasia
Le beau bizarre
Phantasia propose un voyage dans l’art contemporain entre rêve, cauchemar et hallucinations. Onze artistes prestigieux livrent leur version du fantastique , habitée tantôt par des fantômes, des squelettes ou une licorne. Leurs œuvres tordues ou visionnaires jalonnent un parcours sacrément inspiré.
Phantasia*, terme grec complexe, se matérialise ici par l’invasion du Tri Postal par une bande de créateurs et de leurs créatures. Parfois éloignés, ces univers ont pour trait commun la sublimation du réel. Les trois étages du Tri Postal sont hantés par un microcosme protéiforme. L’accueil est d’abord assuré par Théo Mercier qui nous chahute avec ses revenants, ses animaux écorchés. Ses sculptures trompent la mort, placent face à face l’homme et l’animal. à l’étage du dessus, sous des ors patinés, Marnie Weber allonge des mannequins désarticulés, un petit théâtre néo-baroque, flirte avec le grand guignol et sème le trouble. Dans la salle suivante, l’américain Nick Cave — à la psyché plus apaisée — a accroché ses Soundsuits. L’artiste noir cherche à gommer la couleur de peau, le sexe et la classe sociale avec ces costumes taillés pour la danse que l’on peut tous enfiler et s’échanger. Enfin, notre périple se transforme en quête initiatique avec les films d’Apichatpong Weerasethakul qui part à la recherche des esprits de son Asie natale. Foisonnant et ludique, ce parcours, à défaut de produire du discours, permet de confronter les visiteurs aux mythologies d’artistes à l’imagination débridée.
*« Apparaître » est sans nul doute le maître mot qui nous permet de cerner au plus près ce que les Grecs entendaient par phantasia (Le Robert).
Phantasia
Jusqu’au 13.01.13, Lille, Le Tripostal, mer>dim, 10h>19h, 6/4€/ gratuit avec un pass Fantastic