Ellen Kooi, Robert et Shana Parkeharrison
Des Racines et des Ailes
Judicieuse idée que de confronter les œuvres d’Ellen Kooi à celles de Robert et Shana ParkeHarrison. Le trio partage ce même sens de l’étrange, de l’absurde presque, tout en laissant les portes grandes ouvertes à toutes les interprétations . Visite guidée au pays de l’étrange .
Au sein d’un espace vitré donnant sur le parc, les cimaises peinent à maintenir douze larges fenêtres ouvertes sur d’improbables d’horizons. Les photographies d’Ellen Kooi, éclatantes de lumières, de couleurs vives et parfaitement scénographiées, ouvrent véritablement le champ de tous les possibles. Qui sont ces êtres perdus dans des paysages fantasmés ? Qui sont ces gens saisis sur le vif au beau milieu d’un no man’s land onirique ? Renseignements pris, il s’agit parfois de la fille ou d’une connaissance de l’artiste, immortalisées dans la province de Zeeland (Pays-Bas) ou en Italie, par exemple. De toute façon, l’essentiel est ailleurs : dans cette impression de rêve éveillé, de malaise bizarre, de surprenant mirage suscitée par ces pellicules parfois retouchées – mais pas toujours.
Photo-génies
Ailleurs, dans une salle entre chiens et loups, on découvre, éberlué et pour la première fois dans nos contrées, dix-sept clichés sépia ou noir et blanc des ParkeHarrison. Enfin, clichés… Le couple américain se définit comme photographe-plasticien : le tandem peint, dessine et met en scène avant de coucher sur pellicule et dessiner à nouveau pour obtenir des images. Ici, le surréalisme le dispute à la poésie. Sur chacune de ces œuvres de format modeste, un quidam (en fait, Robert ParkeHarrison lui-même) se débat avec la nature, tente vainement de nettoyer les nuages et confronte, toujours, sa condition humaine à la force des éléments. Une belle façon d’aborder et de sublimer une Nature qui nous domine. À jamais ?