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Deux jours à tuer

Forty Eight Hours (Pschent / Wagram)
© Marie Athénaïs

Entre New-York et Paris, le cœur de Yan Wagner balance. Mais c’est dans le XVIIIe arrondissement que le jeune compositeur a décidé de poser ses valises le temps d’un album, le premier. Véritable travail d’orfèvre, Forty Eight Hours laisse la place belle à une voix de baryton envoûtante et dévoile des sonorités électroniques, techno, pop et new wave . Mise en lumière d’un artiste énigmatique.

Qu’est-ce qui vous a d’abord attiré dans les musiques électroniques ?
Je n’ai jamais été fasciné par les guitaristes ou les batteurs. Ce sont les machines et leurs mystères un peu occultes qui m’attirent. Et leur chaleur, aussi : un duo comme DAF n’utilise que des machines, mais ça sent la sueur, ça reste très humain. C’est cette sensation que j’essaie de retrouver, et c’est pourquoi j’ai fait appel à Arnaud Rebotini pour la production. Son rapport aux machines est tout sauf froid, le même qu’un guitariste aurait avec son ampli…

Connaissiez-vous bien son travail avant de collaborer avec lui ?
Oui, il fait quand même partie du paysage. J’appréciais Black Strobe, mais je préfère ses deux albums solo. Arnaud possède une approche très instinctive, mais il conceptualise tout et parvient à expliquer tout ce qu’il fait. C’était très enrichissant de travailler avec lui. Il a vraiment joué son rôle de producteur en homogénéisant un ensemble de morceaux composés durant deux ans et manquant parfois de cohérence. Il a trouvé les couleurs générales de l’album.

Vous teniez au format album ?
Ce projet est très pop. L’album demeure le meilleur format pour écrire des chansons, tout simplement. Sans chercher à séduire les clubs.

Vos morceaux évoquent souvent d’autres artistes de la vague électronique des années 80. Ce sont des références assumées ou des réminiscences inconscientes ?
Le fait d’utiliser les mêmes machines que ces groupes crée forcément ces comparaisons. C’est difficile de dire si c’est conscient ou pas… Mais cela ne me dérange pas que l’on entende ces influences, car ça reste mon projet. Ensuite, un album permet parfois de dévoiler ses goûts. Par exemple, le morceau-titre est effectivement un clin d’oeil aux Happy Mondays, mais il sonne comme du New Order. C’est un hommage assumé, tout comme à Factory Records. J’aime aussi beaucoup le Mute des débuts avec The Normal, Fad Gadget, DAF, Depeche Mode… C’est d’une clairvoyance incroyable.

Et aujourd’hui, quels autres labels ont vos faveurs ?
Aujourd’hui, j’apprécie le label berlinois Cómeme de Matias Aguayo. On y trouve Daniel Maloso, qui est une sorte de DAF mexicain, j’attends son album avec impatience. Ce n’est pas très pop, mais ça reste catchy, simple et ça sonne. C’est vraiment mon objectif d’être le plus simple possible, mais c’est vraiment très difficile.

Connaissez-vous les clubs du Nord de la France et de Belgique ?
Non, pas très bien. J’ai joué à Lille, mais plutôt dans des salles de concerts. J’ai l’impression qu’il y a de nombreux clubs dans cette ville, ça offre pas mal de possibilités. Quant à la Belgique, je suis allé à Gand sans connaître vraiment les clubs outre-Quiévrain. J’observe mieux Paris, qui manque cruellement de lieux. Tandis que Berlin ou New York foisonnent d’endroits, pas toujours légaux, mais ça fait du bien.

Pensez-vous déjà à un second LP ?
Oui. L’album est sorti en octobre, mais était finalisé huit mois avant. Durant cette période, j’ai posé les bases pour la suite. Ce qui est certain, c’est que je ne vais pas me reposer sur mes lauriers !

 

propos recueillis par Elsa Fortant, photos : Marie Athénaïs
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