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Trace-Murailles

Vues Sur Murs © Doctor H

Le street-art a investi nos murs dans la clandestinité, gratuitement. Et s’il se réapproprie, au mépris des cotations, l’espace public, c’est pour replacer la démarche créative dans son milieu naturel : nos vies. état des forces en présence au Centre de la gravure et de l’image imprimée… et dans les rues de La Louvière.

En tirant parti de la lézarde, de l’accident de surface, ou en détournant le code publicitaire, cet art urbain nous rappelle que l’humain est toujours à l’œuvre dans nos métropoles, et le temps avec lui : affiches, collages, pochoirs, stickers… « C’est un art éphémère, insiste Marie van Bosterhaut, commissaire de l’exposition. Beaucoup d’artistes intègrent la dégradation de l’œuvre dans leur démarche… leur travail est conçu comme un don ». Il faut à coup sûr une belle faculté d’abnégation pour admettre la disparition de ces images, quand on mesure le travail que nécessite leur élaboration. Chez Swoon, la taille d’une planche de gravure et la finesse des découpes inspireraient spontanément, à la vue des figures à taille humaine qu’elle exécute, des pulsions radicalement conservatrices. Idem pour les pochoirs de Sten & Lex, dont les matrices sont irrémédiablement perdues en même temps qu’intégrées aux œuvres finales.

Rester hors-circuit
De l’art à ce point vivant dans un musée ? Loin de momifier ce qui est en mouvement, la très dynamique institution louviéroise offre ses murs aux créateurs, plus qu’elle n’entend les y épingler : « C’est une exposition thématique, pas une histoire du street-art » : avec un regard gentiment conspirateur, Madame la Commissaire souhaite qu’une partie de l’exposition rencontre aussi son public au hasard du centre-ville, à ciel ouvert, et si possible « sans cartel ». Ainsi, tous les intervenants au musée (à l’exception notable de Swoon et Obey) investissent également rues et places du centre-ville. Bel exploit que de rassembler les travaux d’artistes aussi jaloux de leur indépendance et de leur anonymat… relatif pour certains : l’injonction « Obey » de Shepard Fairey, et les archaïques créatures de jeux vidéo d’Invader ont déjà arrêté plus d’un passant à travers le monde. L’heure de la reconnaissance semble pourtant bien avoir sonné. Et quand l’art de la rue s’affiche jusque dans un musée, on ne verse pas forcément dans le paradoxe : ici, on abat des cloisons.

F-X Beague
Informations
La Louvière, Centre de la Gravure et de l'Image Imprimée

Site internet : http://www.centredelagravure.be

du mardi au dimanche de 10h à 18h

>02.09.201210h>18h, 5/2€
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