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L'almanach V.U.

Richie Unterberger
Nico et le Velvet Underground © Steve Schapiro - Corbis

A peine cinq années d’existence, quarante de rayonnement, et combien de commentaires ? Encore plus souvent cité qu’écouté, le Velvet Underground doit beaucoup à la critique rock, intarissable sur ce séisme musical. Avec Richie Unterberger, la fascination atteint le stade pathologique.

L’incroyable postérité éditoriale du groupe trouve souvent un public dans l’évocation de son environnement esthétique, social, voire mondain (le N-Y des 60’s, Warhol et la Factory). Ici, ne privilégiant aucun angle, le critique se fait mémorialiste et retrace pour les inconditionnels ce qui fut aussi, prosaïquement, un quotidien. Des années de formation à la gloire relative (66-70), et de l’amère dissolution à nos jours, aucun détail n’est épargné : le travail d’Unterberger rassemble la totalité des informations disponibles – glanées par ses propres soins, ou éparpillées dans les ouvrages de ses devanciers. Jusqu’au dernier compte-rendu du moindre concert…

Une austère chronologie ?
La lecture en est d’autant plus instructive : de cette succession d’interviews, de coupures de presses, d’anecdotes, le lecteur tire sa propre compréhension du genre d’équilibre instable qui fait et défait toutes les grandes formations rock. Et saisit qu’en marge des étincelles du couple Lou Reed – John Cale, par exemple, le discret Morrison entretenait la radicalité du groupe avec une foi de vestale (tandis que Nico pratiquait la manipulation à un niveau olympique). A l’heure des come-backs, des tribute bands et des concerts reconstitués, cette somme définitive rejoue dans l’ordre tous les épisodes de ce mythe new-yorkais. Mais n’essayez pas de le refaire à la maison. Et pour l’hygiène de vie, préférez quand même la méthode Servan-Schreiber.

François-Xavier Beague

White light/ White heat, le Velvet Underground au jour le jour, éd. Le Mot et le reste, 462 p., 45€

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