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Déshabillez moi

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Présenté hors compétition à Cannes en 2007, Go Go Tales faisait partie de ces films « invisibles » qui attisent la curiosité, intriguent et semblent légitimer le téléchargement illégal… Par bonheur, le huis-clos fiévreux et sexy d’Abel Ferrara rejoint enfin son écrin naturel, les salles obscures.

Depuis quelques temps, les mavericks vieillissants du cinéma américain (Carpenter, Dante, De Palma,…) peinent à tourner et/ou à distribuer leurs œuvres. Pas moins de quatre films passés plus ou moins à la trappe pour le réalisateur de Bad Lieutenant (1992), c’est beaucoup. Surtout lorsqu’ils sont de la qualité de Chelsea Hotel (2008), documentaire sorti directement en DVD. Go Go Tales n’est d’ailleurs pas sans lien avec ce dernier, en particulier dans le désir de Ferrara de montrer quelques obstinés essayant de maintenir une utopie au cœur d’un New York voué à la rentabilisation de son espace et de son image.

The show must go on

Cousin du Cosmo Vitelli de Cassavetes (Meurtre D’un Bookmaker Chinois, 1976), voici Ray Ruby (Willem Dafoe), patron endetté d’un club, le Paradise, qui ne rapporte pas grand-chose. Les go-go danseuses menacent de faire grève et la propriétaire de vendre à une grande enseigne. Le destin du Paradise se trouve alors suspendu à un ticket de loterie gagnant… mais temporairement perdu. L’ensemble oscille entre film à sketches (chacun fait son « numéro », parfois très drôle, sur scène ou en coulisses) et bain amniotique (temporalité flottante, nimbes de lumière colorée, travellings langoureux sur les danseuses). La trivialité et l’onirisme se lient et se délient sans cesse. Jusqu’à produire l’état de rêve éveillé, soit la drogue du cinéphile. À consommer en salles, donc.

Raphaël Nieuwjaer

Go Go Tales D’Abel Ferrara, avec Willem Dafoe, Bob Hoskins, Matthew Modine, Asia Argento… Sortie le 8.02

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