Home Best of Chroniques Craig Thompson

Habibi

Éd.Casterman
 © Ed Castermans

Encore enfant, Dodola est vendue à un scribe d’âge mûr. Ce dernier lui apprend la lecture, et lui transmet les leçons du Coran. L’homme est assassiné par des voleurs, Dodola réduite à l’esclavage, mais la jeune femme s’échappe avec un nouveau-né, Zam. Elle élève le jeune garçon dans l’épave d’un bateau échoué en plein désert, et l’éduque en lui contant des histoires. Évidemment, on songe aux Mille Et Une Nuit. Mais cette fable tient également de la réflexion sur la culture arabe et islamique, vue par le prisme d’un Américain qui aura passé sept ans sur sa planche à dessin. Craig Thompson abordait déjà la religion dans son premier chef-d’œuvre, Blankets (2003), évoquant son adolescence dans une famille stricte du Wisconsin. Ici, le dessinateur mêle les traditions US (ce trait héritier de Will Eisner) et arabes (ces arabesques, calligraphies et autres enluminures soigneusement reproduites) et compose une œuvre fleuve qui s’avale d’un trait. Didactique mais pas indigeste, magnifique sans ostentation, Thompson réussit une fois de plus un subtil numéro d’équilibriste sur phylactère. Enfin un Américain qui s’attaque au monde arabe sans faire de morts !

Thibaut Allemand

670p., 24,95€.

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