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A fleur de peau

Shadow - Ruby I (c) Laurence Winram

Installé à Édimbourg, en Écosse, Laurence Winram est un photographe mondialement reconnu. Primé à de nombreuses reprises, le quinquagénaire, issu d’une famille de magiciens, marie dans la série Shadow corps féminins et paysages naturels. Rencontre avec un artiste qui a plus d’un tour dans son sac…

Comment avez-vous débuté la photographie ? A l’âge de 15 ans, avec le vieil Olympus OM-1 de mon père, un bon appareil totalement manuel qui m’a appris l’importance de la vitesse d’obturation, de l’ouverture et la sensibilité du film – et je ne l’ai jamais reposé depuis. J’ai ensuite étudié à Aberdeen puis à Edimbourg et au à Salisbury College of Art. Ce furent des années merveilleuses de créativité, qui n’ont jamais cessé depuis.

Comment définiriez-vous votre travail ? Est-il poétique ? Surréaliste ? Magique, pour sûr ! Mon père et mon grand-père étaient tous les deux prestidigitateurs. Je n’ai pas été encouragé dans ce domaine car c’était un art en voie de disparition dans les années 1970, mais je pense que je suis tout de même devenu un magicien, avec ma caméra. Ils sont souvent présentés comme fournisseurs d’illusions, ma perception à moi est que nous vivons tous dans une illusion déformée.

Judith II (c) Laurence Winram

Judith II (c) Laurence Winram

Quelles sont vos méthodes de travail ? J’essaie vraiment de ne pas en avoir, car il est important d’essayer de se réinventer dans tout ce que l’on entreprend. J’aime changer mes techniques, “casser” les habitudes en tentant de nouvelles choses, c’est ma seule constante. Mes shootings sont un peu comme des moments de jeu, je suis très enthousiaste. J’ai beaucoup d’accessoires dans mon studio qui, une fois les modèles partis, est toujours encombré d’un bazar de branches, de tissus et morceaux de bois. Cela me prend des heures à ranger !

Racontez-vous une histoire dans chaque photo ? Ces images ont un sens clair pour moi, mais je les conçois plutôt comme des toiles vides où le spectateur déciderait de voir ses propres histoires. C’est le vrai sens de l’art !

A propos de la série Shadow que nous présentons ici : Comment avez-vous eu l’idée de mêler des portraits de femmes et la nature ? J’aime la forme naturelle du corps humain, son changement de lignes. Elles contrastent parfaitement avec celles, plus aiguisées, de la nature, comme les sous-bois enchevêtrés et les pins. Je les réunis ici pour créer un équilibre.

Quelle fut votre inspiration ? J’ai commencé ce projet il y a quatre ans et, pour être honnête, je ne m’en souviens pas bien ! Mes autres travaux impliquent beaucoup de préparation. Ici, utiliser la nature et de simples portraits me permet de travailler facilement quand j’ai du temps libre. D’ailleurs, je deviens un peu fou si je ne peux pas œuvrer sur des projets personnels. Je peux aussi compter sur un bon nombre d’amies, heureuses de poser pour moi, souvent à la fin d’une séance pour le travail. Cette série fut donc donc pour moi un moyen aisé de nourrir ma créativité.

Mihaela I (c) Laurence Winram

Mihaela I (c) Laurence Winram

Et pourquoi utilisez-vous le noir et blanc ? J’ai toujours été fasciné par les débuts de la photographie. Cela me semblait donc faire sens. De plus, la couleur ajoute une nouvelle couche de difficulté , tandis que le noir et blanc assure une continuité.

Comment choisissez-vous vos modèles ? Mes amies me demandent, ou je leur demande. Il est en tout cas important qu’elles aient envie de poser, cela leur permet d’être plus créatives. J’aime qu’elles me donnent leurs idées. J’apprécie aussi quand elles ont les cheveux longs, car cela colle bien au contexte de l’image.

Que vouliez-vous exprimer ici ? Cette série, contrairement à d’autres, n’est pas née de l’envie de servir une idée, elle était plus intuitive. Il s’agissait de créer quelque-chose d’unique à travers deux images complémentaires. Je la vois presque comme une interprétation photographique du symbole du yin et du yang.

Quelle serait votre pièce préférée ? J’ai adoré le shooting avec Mihaela, une amie photographe avec qui j’ai réalisé Mihaela as Cerynitis. C’était son idée d’utiliser les bois de cerf.

Quels sont vos projets ? J’ai beaucoup aimé projeter des images sur des nus. Ma série Shadow permet beaucoup d’expériences, de jouer avec différentes méthodes et créer une vaste gamme d’humeurs. J’ai récemment exposé ces travaux à la Royal Scottish Academy. Je réalise pas mal de croquis servant moult idées, dont seulement quelques-unes verront le jour. Il m’est vraiment difficile de m’engager dans une seule direction…

Shadow - Mihaela as Cerynitis (c) Laurence Winram

Shadow – Mihaela as Cerynitis (c) Laurence Winram

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