Home Cinéma Interdit aux chiens et aux Italiens

Destin réanimé

© Gebeka Films

Dans Interdit aux chiens et aux Italiens, film d’animation remarqué aux festivals d’Arras et d’Annecy (où il a reçu le prix du jury), Alain Ughetto instaure un dialogue imaginaire entre lui et sa grand-mère. Son récit retrace les dures conditions des immigrés italiens, à leur arrivée en France au début du siècle dernier.

Après Jasmine (2013), film d’animation se déroulant à Téhéran sous le régime de Khomeiny, Alain Ughetto conte avec Interdit aux chiens et aux Italiens ses origines familiales. Il y “joue” d’ailleurs son propre rôle, par l’intermédiaire de l’une des deux voix-off du film. Ainsi, il interroge sa grand-mère Cesira, aujourd’hui décédée, sur le passé de ses aïeux. Mêlant prises de vues réelles (les mains de l’animateur apparaissent dans le cadre) et marionnettes animées dans des décors d’une grande poésie (les arbres sont fabriqués avec des brocolis), l’histoire se construit par petites touches. Le cinéaste renvoie les spectateurs au début du xxe siècle pour décrire la traversée des Alpes italiennes jusqu’en France par ses grands-parents et leurs enfants. Alain Ughetto montre les dures conditions climatiques, le labeur, la pauvreté, le rejet de l’autre, le manque de soins, la mort… Pour autant il refuse le pathos, optant pour l’humour. Aussi drôle que bouleversant, Interdit aux chiens et aux Italiens (qui peut être vu par un large public) offre un salutaire pied-de-nez à la xénophobie galopante, et rend un superbe hommage à ces étrangers de toutes origines qui, eux aussi, ont bâti la France.

Grégory Marouzé / photo © Gebeka Films

Film d’animation d’Alain Ughetto. En salle

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